Attention, les murs humides sont contagieux !

Et si votre maison pouvait vous rendre malade ? Pas à cause d’un virus, mais à cause de ses murs. C’est l’idée forte — et scientifiquement fondée — que défend le concept de « contagiosité du bâti » : un bâtiment humide, mal entretenu ou mal ventilé peut devenir un véritable foyer de contamination pour ses occupants. Et ce n’est pas une image : c’est une réalité documentée par des études scientifiques et des constats de terrain.

 

Ce que dit la science

Une étude publiée en 2025 dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology In Practice montre que les particules présentes dans les logements humides — spores de moisissures, poussières, allergènes — peuvent affaiblir les défenses respiratoires et augmenter le risque d’infections, d’allergies et d’aggravation de l’asthme. Ces particules invisibles se dispersent dans l’air intérieur, s’inhalent chaque jour, et agissent sur notre santé sans que nous en ayons conscience.

En parallèle, le rapport de l’ANSES sur les moisissures dans l’air ambiant rappelle que l’humidité est l’un des facteurs les plus fréquents dans les pathologies du bâtiment, et qu’elle est directement liée à des troubles respiratoires chez les enfants et les adultes.

 

Le bâtiment comme réservoir de polluants

Quand un mur est humide (à cause d’une infiltration, d’une remontée capillaire ou de la condensation) il devient un terrain idéal pour le développement de moisissures, d’acariens et de bactéries. Ces micro-organismes libèrent des particules qui se mélangent à l’air intérieur. Et cet air, nous le respirons en continu.

C’est là que le parallèle avec une contagion devient évident : le bâtiment ne tousse pas, mais il fait tousser. Il ne présente pas de fièvre, mais il provoque des inflammations. Il ne se déplace pas, mais il contamine ceux qui y vivent.

 

Des symptômes qui ne viennent pas de nulle part

Les signes sont souvent les mêmes :

  • Toux chronique
  • Rhinites allergiques
  • Asthme qui s’aggrave
  • Fatigue persistante
  • Maux de tête
  • Sommeil perturbé

Ces symptômes ne sont pas toujours liés à une maladie infectieuse. Ils peuvent être la conséquence directe d’un air intérieur pollué par l’humidité du bâti.

 

Comment rompre la chaîne de contamination

La bonne nouvelle, c’est qu’on peut agir. Et qu’il ne faut pas attendre que les symptômes s’installent pour le faire.

Voici les étapes clés :

  1. Observer : taches noires, peinture qui cloque, odeur de moisi, condensation sur les vitres… ce sont des signaux d’alerte.
  2. Mesurer : un hygromètre permet de vérifier le taux d’humidité. L’idéal se situe entre 40 % et 60 %.
  3. Diagnostiquer : identifier la cause de l’humidité (infiltration, remontée capillaire, défaut de ventilation) avec l’aide d’un professionnel.
  4. Traiter : réparer les sources d’humidité, assécher les murs, améliorer la ventilation.
  5. Assainir : nettoyer les zones contaminées, remplacer les matériaux abîmés, laver les textiles à haute température.
  6. Prévenir : aérer régulièrement, surveiller les pièces humides, éviter de sécher le linge à l’intérieur sans ventilation.

 

Soigner le bâtiment, c’est soigner les gens

Le concept de contagiosité du bâti nous invite à changer de regard : un mur humide n’est pas juste un défaut technique, c’est un risque sanitaire. En traitant l’humidité, on améliore la qualité de l’air intérieur, on protège les plus fragiles, et on évite que la maison devienne un lieu de souffrance invisible.

Pour chaque famille, chaque école, chaque logement social, agir sur l’humidité, c’est investir dans la santé. Et c’est maintenant qu’il faut le faire.

 

Sources : JACI In Practice — « Indoor and Outdoor Fungal Allergens and Impacts on Respiratory Allergic Disease » (2025)